Entretien avec Lise Pradère à propos de En Quête d'Elena, un polar à dévorer cet été

Décrivez votre livre En Quête d'Elena, en trois mots seulement. 

Suspense - Dépaysement - Histoires de vie

Parlez-nous de l'univers que vous avez créé dans votre livre.

Ce livre est l’imbrication de deux univers, plus exactement de deux parcours de vie : celui du commandant Antoine Gignac et celui de la victime Elena Vassilev. Le policier est divorcé et père d'uns adolescent. Leur passion commune du rugby ne suffit pas toujours à lisser les conflits. Originaire de Dordogne, Gignac observe d’un oeil critique et parfois humoristique la vie à Paris et les moeurs parfois étranges des tribus managériales de La Défense. Son enquête complexe et sensible permet de dresser le portrait en creux d’Elena. En interrogeant ceux qui l’ont connue il retrace le parcours d’une fille d’exilé politique, de ses luttes, de ses rêves, de ses convictions.

Parlons de vous : depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venue l'envie d'écrire ?

J’aime écrire, lire et inventer des histoires depuis toute petite.

Lorsque j’avais une dizaine d’années je rebattais déjà les oreilles de mes pauvres mère et grand-mère avec les aventures du détective Nick Notor. Il faut dire que mes histoires n’étaient pas très construites…

J’ai toujours eu la plume « facile ». Cette faculté me servait à trousser un compliment ou écrire un petit poème de-ci, de-là. Cette capacité est certainement héréditaire : ma grand-mère nous laissé des mémoires et des lettres vivaces, ma mère écrit de belles lettres et ma fille est auteur pour la jeunesse. Il est possible que ceci soit un héritage de nos ancêtres montagnards : dans l’ancien temps les gens se rassemblaient à la veillée pour passer les longues soirées d’hiver. Les conteurs contribuaient à adoucir la rudesse de cette saison hostile.

Lorsque mes enfants ont grandi, j’ai eu plus de temps. Je me suis inscrite à un atelier d’écriture où j’ai tout de suite trouvé le bonheur d’écrire grâce à une animatrice formidable, Natacha Sels que je remercie ici. J’ai aussi adoré mon groupe d’écriture, le foisonnement des idées et des styles. J’ai beaucoup apprécié les retours constructifs et bienveillants sur mes propres textes. Petit à petit, j’ai évolué vers des textes de plus en plus longs. Ceci dit, j’aime retourner en atelier pour le plaisir du texte court, sans pression et dans l’échange.

Quelle a été votre source d'inspiration, l'événement qui vous a poussé à écrire ce livre ?

En fait, j’ai écrit un policier tout à fait par hasard. À partir d’une consigne d’atelier d’écriture j’ai démarré une mini-histoire policière. La phrase de départ était « On s’en veut quelque fois de sortir de son bain… ». Je ne sais plus ce que j’ai fait du texte initial mais je me suis amusée à tirer le fil et à agglomérer d’autres petits morceaux d’écriture, à la façon d’un patchwork. Ce fut un petit point de départ et une très laborieuse façon de procéder, mais de fil en aiguille, je me suis prise au jeu. Je me suis donné pour objectif d’aller au bout de mon projet.

Le fait que le roman soit policier n’est pas important pour moi. Cependant je trouve que c’est un excellent support pour développer une histoire structurée et parler d’un milieu, d’une société. Je m’intéresse depuis toujours aux faits de société et à la vie du monde. J’ai vécu à l’étranger et pas mal voyagé. J’avais envie d’utiliser ces expériences comme matériau. Ainsi, j’en garde des traces mais je les ré-arrange et les « augmente » de telle façon que le résultat est très éloigné de ma propre vie. Personnellement, cela m’amuse beaucoup plus d’inventer des histoires que de raconter les miennes.

En quelques mots, à qui s'adresse votre livre ? 

À ceux qui aiment qu’on leur raconte une histoire, qui sont curieux de nature et qui aiment voyager. À ceux qui aiment les personnages à multiples facettes.

Sinon je n’ai aucune idée de qui seront mes lecteurs. J’espère simplement les distraire et les toucher.

Quels conseils donneriez-vous à un auteur qui rêve d'écrire mais n'a jamais osé se lancer ?

D’abord, on se fait plaisir :
C’est très gratifiant de créer son propre univers. 
C’est très amusant de jouer avec notre belle langue. 
C’est très surprenant de mettre au jour des souvenirs qu’on croyait disparus.
Personnellement les ateliers d’écriture m’ont beaucoup aidée, mais n’hésitez pas à en essayer plusieurs. Un bon atelier n’est pas celui où on vous donne des leçons, mais celui qui vous aide à trouver votre voie/voix. Vous devez vous y sentir bien.

Lisez de tout pour vous imprégner d’exemples…et de contre-exemples. 
Même si on écrit d’abord pour soi, il faut toujours penser au lecteur pour bâtir un récit qui le tiendra en haleine. Il faut aussi que votre ton soit juste pour que vos personnages soient crédibles : inspirez-vous de lieux, de situations que vous connaissez bien ou pour lesquelles vous avez des sources de première main.

Au niveau matériel, organisez-vous, ayez un coin et des moments calmes et écrivez de façon régulière. J’adore ce conseil de Stephen King dans Écriture, histoire d’un métier : « N’attendez pas Monsieur Muse… C’est un cabochard dont il ne faut pas attendre qu’il vous inonde de poussière magique… Votre boulot est de faire en sorte que votre Monsieur Muse sache où vous vous trouverez entre neuf heures et treize heures, ou entre dix-neuf heures et trois heures. S’il le sait, je vous garantis que tôt ou tard il pointera le bout de son nez. » En effet la régularité vous permettra de vous imprégner de votre récit et de vos personnages. Les idées viendront ainsi à vous plus facilement.

Enfin, ayez un petit carnet pour noter les idées avant qu’elles ne s’envolent.

Une dernière curiosité : avez-vous d'autres projets d'écriture ?

Le commandant Gignac est un personnage attachant. Son mauvais caractère, son humour et son côté ours pataud avec les femmes me manquent. Je vais lui trouver une nouvelle enquête.


Merci à Lise pour cet entretien.
 

En savoir plus sur l'auteure, Lise Pradère
Découvrir le polar En Quête d'Elena


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