Que l’on parle de livre papier ou d’ebook, la typographie et la mise en page sont deux notions fondamentales car elles participent aux premières impressions qu’un lecteur va se faire de votre ouvrage. Après avoir apporté quelques connaissances de base sur la composition typographique du livre, cet article tentera de répondre aux questions que l’on peut se poser lorsque l’on met en page un ebook.
UN PEU D’HISTOIRE
Pour introduire le propos, prenons l’exemple du premier livre imprimé en Europe : la Bible à quarante-deux lignes de Gutenberg (la « B42 »). Inspirée des manuscrits de l’époque (tous les livres étaient recopiés à la main et appelés des « manuscrits »), la composition comporte quelques ressemblances avec les mises en page que l’on a l’habitude de voir encore aujourd’hui : le texte est justifié, les marges extérieures sont plus grandes que les marges intérieures, on retrouve des lettrines en début de chapitre …
D’un point de vue typographique, si Gutenberg utilise un caractère gothique proche de l’écriture manuscrite des moines copistes, les canons typographiques contemporains s’éloignent largement de ceux utilisés pour la B42. C’est le XVIème siècle et les travaux de dessinateurs de caractères comme Claude Garamont qui auront une grande influence sur la typographie de l’édition contemporaine.
Aperçu de la mise en page de la B42, légende : La Bible de Gutenberg, photographie : NYC Wanderer
UNE TRADITION TYPOGRAPHIQUE
C’est au XVIème siècle qu’émergent des modèles de mises en page modernes : le livre adopte un format plus maniable, une pagination en chiffres arabes, commence à comporter un sommaire et se débarrasse des aspects décoratifs comme les enluminures et les impressions de différentes couleurs.
Des caractères typographiques comme le Garamond (dessiné par Claude Garamont), présentant des aspects plus lisibles que les caractères gothiques, font leur apparition et permettent des mises en page plus aérées. Créé au XVIème siècle, puis redessiné par des typographes contemporains, le Garamond est efficace pour sa lisibilité et pour l’économie d’encre qu’il fait faire.
Ce caractère typographique, qui offre une lecture agréable et fluide, reste encore aujourd’hui l’un des plus utilisés par les éditeurs pour la composition de leurs ouvrages.
Les lettres du caractère Adobe Garamond Pro dessiné par Robert Slimbach en 1989 d’après le caractère de Claude Garamont
LE NUMÉRIQUE CHANGE LA DONNE
La lecture sur écran est très différente de la lecture sur papier. En effet, une page d’ebook est très différente d’une page d’un ouvrage imprimé, notamment en terme de densité. Par ailleurs, le texte est « reflowable », c’est-à-dire qu’il s’adapte au terminal de lecture en fonction du type d’appareil utilisé (taille de l’écran, orientation...) et qu’il peut être grossi, etc.
Les caractères typographiques qui sont utilisés sont différents. Et même si sur écran ce sont les typographies linéales (sans empattement) qui sont plus généralement utilisées (notamment sur les sites web), il est conseillé d’utiliser une typographie à empattement pour la maquette d’un ebook. En effet, les empattements aident l’œil à passer d’un caractère à un autre et facilitent une lecture prolongée.
Nombreux sont les sites qui proposent des typographies « embarquables » dans des ebooks comme http://www.fontsquirrel.com ou encore https://www.theleagueofmoveabletype.com. Attention à respecter les licences d’utilisation (voir dans le dernier paragraphe).
Aperçu du site http://www.fontsquirrel.com
LE MAÎTRE MOT : CONFORT DE LECTURE
Le confort de lecture réside en grande partie dans le fait que l’œil du lecteur se fatigue le moins possible en lisant votre ouvrage. Pour cela, il faudra créer ou utiliser une maquette plutôt épurée, éviter les fantaisies, créer un rythme qui assure la fluidité de la lecture.
Voici quelques conseils pour améliorer le confort de lecture de votre ebook :
- Utiliser une typographie lisible, non fantaisiste
- Ne pas multiplier les styles de texte et les couleurs utilisées
- Bien discerner par la taille ou la graisse les titres et le texte courant
- Aérer son texte avec des sauts de lignes entre les paragraphes et des sauts de pages entre les chapitres.
Pour vous faciliter la tâche, Iggybook a présélectionné dans son outil de création de fichiers .epub et .mobi des caractères typographiques qui assurent à vos livres un confort de lecture maximal. La Factory vous propose une dizaine de styles de mises en page préformatés, que vous pouvez utiliser suivant le type d’ouvrage que vous publiez.
Aperçu d’une mise en page « reflowable » d’un ebook et de son rendu sur un écran d’ordinateur et sur un écran de monile
LES STYLES DE MISE EN PAGE
Les mises en pages de romans, qu’ils soient édités par un éditeur ou non, se ressemblent et obéissent tous à une norme qui offrira une lecture agréable et fluide. Si un canon typographique contemporain se dégage, inspiré par des traditions éditoriales qui, comme vu précédemment, remontent à plusieurs siècles, on peut tout de même distinguer certaines variantes ou plusieurs courants de mise en page suivant le type d’ouvrage :
- Les styles de mise en page classiques, utilisant un Garamond ou une typographie de la même famille. Ces styles seront très répandus pour les ouvrages au format poche.
- Les styles de mise en page des grandes maisons d’édition traditionnelles, utilisant une typographie Didone (police de caractère à empattements très fins) en titrage pour donner un aspect particulièrement élégant à la composition.
- Les styles de mise en page d’ouvrages institutionnels et académiques (publications d’actualité, essais, documentation…), utilisant une typographie moins littéraire : ainsi les caractères de titrage sont de la famille des linéales (typographie bâton), ce qui permet de distinguer les différentes parties et sous-parties souvent nombreuses.
- Pour des essais, des livres pratiques, des livres d’humour, ou du registre de la comédie (en somme, des livres qui s’écartent de la littérature classique), on remarque parfois des styles de mise en page qui comportent quelques fantaisies. On retrouve beaucoup de variantes, principalement au niveau des titrages ; tantôt un titre imposant, tantôt une typographie manuscrite. Le texte de labeur restant quant à lui bien-souvent ultra-lisible.
- Enfin, certaines maquettes très fantaisistes utilisent des filets décoratifs pour séparer les titres et le texte, utilisent plusieurs couleurs de typographies, des typographies parfois déstructurées qui nuisent à la lisibilité du texte mais contribuent à donner une atmosphère particulière à la lecture. On retrouve ce genre de maquettes pour des ouvrages fantastiques.
Aperçu de l’interface de sélection de mise en page dans l’iggybook factory
PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE DES TYPOGRAPHIES
La typographie est une création, son utilisation est ainsi régie par les lois de la propriété intellectuelle au même titre qu’une image. Il faut veiller à utiliser des typographies dont on possède les droits d’exploitation ou qui sont sous la licence « creative commons ». Avoir une typographie sur son ordinateur ne signifie pas que l’on a le droit de l’utiliser dans un ebook.
Le choix d’un style de mise en page de l’Iggybook Factory vous garantira l’utilisation de typographies libres de droit.
POUR ALLER PLUS LOIN
Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir les possibilités de mise en page qu’offre l’Iggybook Factory. Et si vous ne connaissez pas encore cet outil de création d’ebooks aux format .epub et .mobi, vous pouvez avoir un aperçu de son fonctionnement dans cette vidéo de tutoriel.
