Nicolas Pelletier : « Les processus éditoriaux étant parfois très longs, j’ai décidé de mettre mon livre en ligne, résolu à tester la réaction du public »

Nicolas Pelletier a publié deux récits chez Fayard, dont Mon Roi, superbe hommage à son père devenu aphasique et hémiplégique à la suite d’un accident cérébral.

Il participe à la Rentrée des Indés , la rentrée littéraire des auteurs autoédités, avec Plume de Vengeance, véritable plongée dans l’univers magnifique et incontrôlé de la création littéraire, qu’il a décidé de publier en indépendant.

Parlons d’abord de Plume de vengeance. Pouvez-vous le résumer en quelques phrases ?

Il s’agit de l’histoire de l’écriture d’un livre, un livre fou, sans sujet, dans lequel je me suis lancé sans la moindre idée au départ, fort seulement de la confiance que m’avait donné la publication de mes deux premiers récits. Pour la première fois, il s’agissait d’une histoire inventée, réellement fictionnelle et dans laquelle des personnages se retrouvaient dans ma tête, monde étrange et fantastique ou certains disparaissaient, faisaient des rencontres et où, malgré les rebondissements qui me venaient à l’esprit, l’enfermement était de mise.  Jamais, me semblait-il, je n’avais écrit aussi bien.

Quelle a été votre source d’inspiration, l’évènement qui vous a poussé à écrire Plume de vengeance ?

Ce livre qui s’appelait Acte III a été refusé par mon éditeur. “Beaucoup trop difficile d’accès” m’a-t-on dit. Y étant incroyablement attaché, j’ai tenté de l’assagir ou de le modifier pour le rendre éditable mais, quand je relisais, je ne retrouvais plus mon texte et revenais aussitôt ce que j’avais enlevé ou modifié. J’ai ainsi tourné en rond pendant une bonne année, flottant dans une incompréhension qui me déprimait. Jusqu’au jour où ma femme m’a conseillé de tout raconter. Et ça donné Plume de Vengeance, un livre où non seulement je raconte ce qui s’est passé mais dont l’écriture m’a permis de comprendre pourquoi et comment Acte III m’était venu, et pourquoi j’y avais été si attaché.

Une bonne raison de lire Plume de vengeance ?

C’est le meilleur livre que j’ai jamais écrit jusque-là!

Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ? Avez-vous déjà publié par ailleurs chez un éditeur ?

Tout simplement parce que mon éditrice, qui avait publié mes deux premiers textes chez Fayard et qui désormais travaille pour un autre éditeur se l’est fait refuser par son comité de lecture. Il est vrai qu’elle avait présenté un texte sensiblement différent de celui que j’ai mis en ligne, et où les extraits d’Acte III, surabondants, avaient fini par rebuter les lecteurs. Sur son conseil j’ai retravaillé le livre en supprimant la totalité de ces extraits, parlant d’Acte III sans le citer. Les processus éditoriaux étant parfois très longs, j’ai décidé de le mettre en ligne résolu à tester la réaction du public !

Parlons de vous : depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venue l’envie d’écrire ?

J’écris depuis que j’ai une trentaine d’année. La venue de l’envie ne s’explique pas vraiment. On sent juste en le faisant qu’on préfère ça à tout ce qu’on fait par ailleurs.

Avez-vous des rituels d’écriture ? Comment cherchez-vous l’inspiration pour vos livres ?

Je travaille tôt le matin, en général toujours au même endroit, dans l’atelier où j’ai mon bureau. Jusqu’à présent, je ne parle que de ce qui m’est arrivé car c’est cela qui me touche. Il y a tellement de choses à creuser et à comprendre dans ce qu’on a vécu. Les revivre en écrivant, le faire en ne cachant rien de ce que l’on est, prendre ce risque, le faire aussi  joliment que possible, sans mentir, c’est cela qui me motive. Et je constate que c’est en restant sur ma propre vie ou celle des gens qui me sont proches que j’écris le mieux, comme si la seule façon de compenser cette incursion dans l’intimité était d’en parler le plus littérairement possible.

Quels sont vos auteurs favoris, ceux qui vous inspirent ou que vous considérez comme vos modèles ?

Le déclic ça a été Céline, sans doute à cause de toute la sincérité que j’y trouvais. Ensuite il y a eu Flaubert, encore peut-être pour la réalité. Il y a eu après les russes, rien que du très classique. Singer plus tard. Et puis je me suis essayé aux grands monologues anglo-saxons, Joyce et Woolf, et là j’ai été fasciné par la puissance littéraire, la capacité à parler de tout, même si je ne crois pas avoir encore fini Ulysse. Et très récemment j’ai découvert Proust que je n’avais pas lu et là ça a été comme une révélation, spécialement concernant l’intimité et, tout ce qu’on peut en dire.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui rêve d’écrire un livre mais n’a jamais osé se lancer ?

Ne pas hésiter à se lancer si la sensation qu’on est fait pour ça est là.

Plumes de Vengeance est disponible sur le site de Nicolas Pelletier, en version numérique, à 3,99 €

À propos de la Rentrée des Indés :

Pour la première fois cette année, en écho à la rentrée littéraire orchestrée par les éditeurs, 40 auteurs autoédités se réunissent pour s’offrir une visibilité inédite pendant tout le mois d’octobre et toucher de nouveaux lecteurs.

Épaulés par Iggybook.com (la plateforme des auteurs indépendants), Actualitte.com (le magazine des univers du livre) et Babelio.com (la première communauté de lecteurs francophones), ils lancent LA RENTRÉE DES INDÉS 2015.

Découvrez-les sur le site de la Rentrée des indés !


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