Frédérique De Lignières : interview de l'auteure de L'Alliance

À l'occasion de la sortie de son livre L'Alliance avec Iggybook, Frédérique De Lignières répond à nos questions sur son univers, son écriture et sur l'autoédition.

1) Parlez-nous de l’univers que vous avez créé dans L’Alliance.

J’ai voulu écrire un roman d’héroic-fantasy dans la plus pure tradition anglo-saxonne et respecter tous les codes de ce genre littéraire tout en essayant de faire preuve d’originalité. Il ne s’agissait pas de plagier « Le seigneur des anneaux » ! J’ai donc situé mon livre dans un Moyen-Age imaginaire. Mais je suggère au lecteur que cet univers est celui qui s’est reconstruit après qu’une catastrophe a détruit une civilisation extrêmement avancée. Il y a, dans ce monde, des endroits où les rescapés de cette catastrophe ou leurs descendants tentent de retrouver les anciens savoirs ou de faire évoluer une société encore violente et fruste. Et ce sont les monastères. Comme j’aime beaucoup les contes, les mythologies et les légendes, il y a dans mon livre beaucoup de magie et de merveilleux. J’y fais évoluer des animaux fantastiques comme l’hippogriffe ou le dragon ; et j’en ai même inventé de nouveaux comme les chevaux-fées et le chien-dragon. Les elfes et leur monde tiennent aussi une place très importante dans ce livre.

2) Quelle a été votre source d’inspiration, l’événement qui vous a poussée à écrire ce livre ?

J’ai écrit ce livre parce qu’un beau jour, au début des vacances d’été, mes deux filles – qui avaient alors dix-huit et dix-neuf ans – ont décrété qu’elles ne voulaient plus lire. Pour elles, affirmaient-elles, « la lecture, c’est pour les vieux et maintenant qu’on est majeures, on ne va plus jamais lire ». Comme vous l’imaginez aisément cette décision était loin de me ravir. Alors je leur ai rétorqué : « Eh bien moi, je vais vous écrire un roman. Et on va voir si vous ne le lisez pas et s’il est pour les vieux ! » Et c’est ainsi que je me suis lancée dans un récit de fantasy alors que je n’en avais jamais écrit auparavant. Pour créer les deux héroïnes, je me suis bien sûr inspirée de la personnalité de mes enfants. J’ai écrit les quatre-cents pages du roman en un peu plus de trois mois, aiguillonnée par les réclamations de mes filles qui matin et soir me harcelaient : « Maman, la suite ! quand est-ce qu’on va lire la suite ! ». Elles ont tant aimé ce qu’elles nomment « leur roman » que ce sont elles qui ont insisté pour que je le publie. Et voyant que, durant six ans, l’envoi du manuscrit ne suscitait pas de réponse des éditeurs, elles m’ont trouvé sur Internet un moyen de le faire paraitre.

3) Quel message avez-vous envie de faire passer à travers votre livre ?

Dans ce livre j’ai voulu montrer que notre civilisation pourrait bien disparaitre un jour et faire place à un monde bien moins évolué. J’ai aussi attiré l’attention sur l’urgence qu’il y a préserver la nature et l’équilibre écologique si nous ne voulons pas aller vers une catastrophe qui risque de détruire notre terre. Le sorcier maléfique qui sévit dans ces pages n’est finalement que la personnalisation des expériences scientifiques qui conduisent actuellement aux manipulations génétiques de toute sorte, à l’emploi de produits chimiques qui détruisent les équilibres naturels, etc… Bref à tout ce qui fait que nous jouons aux apprentis-sorciers au lieu de travailler en accord avec la nature à préserver tous les êtres vivants. Et on peut dire également que le royaume des Elfes que je décris représente l’idéal auquel nous devrions tendre.

4) Parlons de vous : depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venue l’envie d’écrire ?

J’écris depuis l’âge de sept ans. J’ai curieusement commencé par écrire un sonnet. J’avais une récitation à apprendre et c’était un sonnet de Théophile Gautier. Et je me suis demandé pourquoi on appelait cela de la poésie. J’ai examiné comment le texte était fait et je les comparé à ce qu’on désignait sous le nom de prose. Et j’ai décidé de faire pareil persuadée, je ne sais pas pourquoi que j’étais moi aussi capable d’écrire de la poésie. J’ai donc composé un sonnet décrivant le jardin de notre maison de campagne. Quand je l’ai montré à mon père, il m’a gratifié d’une paire de gifles car il a cru que je mentais et que j’avais simplement recopié le poème dans un livre. Très longtemps je n’ai écrit que des sonnets avant de découvrir qu’il existait d’autres formes poétiques ! Mais je n’avais pas le désir de publier mes écrits ; j’en faisais cadeau aux personnes qui me les avaient inspirés et cela me satisfaisait entièrement. Ce n’est que quand L’Alliance est paru et que j’ai tenu le roman entre mes mains que m’est venue l’envie d’avoir des lecteurs et de faire connaître mes écrits à un plus large public. Depuis la publication du roman, j’ai publié un recueil de nouvelles « La légion bretonne et autres nouvelles de la forêt d’Orléans » (aux éditions de l’Ecluse) et je pense qu’avant la fin de l’année je ferai paraître un second roman inspiré par les souvenirs de mon enfance au Sénégal.

5) Quels sont vos auteurs favoris, ceux qui vous inspirent ou que vous considérez comme vos modèles ?

Tous les romanciers du XIXème siècle, époque qui fut à mon avis l’âge d’or du roman. Et plus particulièrement Balzac, George Sand et Zola. Comme j’adore surtout la poésie je citerai aussi Verlaine, Rimbaud et Baudelaire. Pour ce qui touche à la fantasy je dois dire que mes modèles sont J.R.R.Tolkien (Le seigneur des anneaux), Ursula K. Le Guin (Le cycle de Terremer) et Robin Hobb (L’assassin royal).

6) Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ?

J’ai choisi l’autoédition pour publier mes romans de fantasy parce que, ce genre littéraire étant dominé par les anglo-saxons, il est très difficile pour un auteur francophone qui n’a pas une grande notoriété de trouver un éditeur à compte d’éditeur. La plupart des grands éditeurs comme Bragelonne ne publient pratiquement que des traductions. Les petits éditeurs indépendants n’ont les moyens que de publier deux ou trois romans par an et croulent sous les manuscrits. Compte tenu de mon âge et de mon impatience, la recherche d’un éditeur est donc une œuvre de trop longue haleine pour moi. Le fait que j’ai rencontré dans des salons du livre des auteurs auto-publiés qui étaient très heureux d’avoir adopté cette solution m’a déterminée à tenter cette aventure. Iggybook a aussi été déterminant dans ce choix car j’avais besoin d’une aide dans les domaines où je n’ai aucune compétence : création de la couverture, impression, etc… et il était indispensable que je trouve quelqu’un pour m’assister afin de créer un livre qui soit vraiment comparable à ceux que produisent les éditeurs.

7) Quels conseils donneriez-vous à un auteur qui rêve d’écrire un livre mais n’a jamais osé se lancer ?

Je crois que le meilleur conseil qu’on puisse lui donner est celui d’écrire tous les jours avec une grande régularité. Et aussi d’écrire ce qu’il a vraiment envie d’écrire. Inutile de se lancer dans l’écriture d’un genre prisé par les lecteurs alors que soi-même on ne l’aime pas réellement. S’il choisit l’autoédition, je lui dirais aussi de ne pas faire de « bricolage » pour publier son livre mais de se faire assister par des professionnels : relecture, graphisme, bêta-lecteurs… Il est vraiment nécessaire d’investir pour ne pas être déçu par le résultat. Et le travail que nous fournissons pour écrire ainsi que le respect de nos lecteurs le méritent vraiment.

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