Interview de Daniel Rabreau sur son livre, Drôles d'oiseaux à Rome

Pouvez-vous résumer votre livre en quelques phrases ?

C’est un roman qui aborde surtout le caractère des personnages dans des situations dignes d’un thriller (sans résolution), mais dont l’intrigue est prétexte à dénoncer l’hypocrisie d’une mondialisation mafieuse, tant en religion qu’en politique. Les plaisirs de l’Italie et de l’humour potache.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de la thématique de votre livre ?

L’idée de la thématique m’est venue de ma solide éducation catholique chez les « bons pères », avec perte de la foi à l’âge idoine. C’est aussi la réflexion citoyenne sur les dysfonctionnements sournois de nos sociétés, le contraste entre la beauté de Rome et l’usage qu’on en fait, l’amour nostalgique du cinéma italien…

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

L’expérience de nombreux séjours en Italie, des souvenirs amicaux de la Villa Médicis, et l’envie de partager –avec légèreté si possible – des situations cocasses et des pensées sarcastiques.

Quelle a été votre source d’inspiration, l’événement qui vous a poussé à écrire ce livre ?

L’actualité internationale des paradis fiscaux et du blanchiment d’argent et la lecture d’articles sur la toile (du genre : « Vatican/trafic d’armes », « L’Opus Dei » et autres scandales à Rome), mêlée de souvenirs personnels m’ont inspiré pour l’écriture de ce livre. Le témoignage cinéphile également.

Parlez-nous de l’univers que vous avez créé dans votre livre et du message que vous souhaitez faire passer.

Les personnages, le cadre et l’intrigue contribuent à l’évocation d’une impuissance individuelle, consciente et morale, à se soustraire à la fatalité des puissances du mal qui dirigent le monde. Et la Religion n’y peut rien, tandis que le néolibéralisme dominant s’est englué dans des arcanes mafieuses insondables. Traiter la question de manière humoristique, caricaturale voire bouffonne, est un exercice d’empathie, apaisant et, on l’espère, divertissant.

À qui s’adresse votre livre ?

Aux lecteurs de bonne volonté, comme ceux de Tintin. Il est fait, d’abord, pour rire. Mais on peut y trouver matière à partager des fantasmes, des souvenirs de lieux ou d’actualités, avec une trame de nostalgie du passé folklorique franco-italien dont les Français, aujourd’hui, ne profitent peut-être pas assez dans le cadre européen.

Comment construisez-vous votre intrigue ? Comment cherchez-vous l’inspiration pour vos livres ? Quels sont vos rituels d’écriture ?

L’idée du roman engendre rapidement quelques types de personnages et de rapports entre eux dans l’évocation de multiples « petits faits vrais » (le plus souvent des souvenirs personnels, extrapolés). Documentation et prises de notes s’ensuivent pour établir l’environnement géographique, événementiel et dramaturgique des situations dans lesquelles se trouvent engagés les personnages.

De chapitre en chapitre, avec une structure prédéfinie, le manuscrit avance au gré de l’humeur et apporte bien des surprises. Je ne connais pas à l’avance la fin de l’histoire et j’ai l’impression que ce sont souvent les personnages qui, peu à peu, s’imposent dans un vagabondage d’imagination. Je n’ai guère de « rituel » d’écriture : j’écris au stylobille, je saisis le texte et l’imprime pour le corriger (toutes les trois ou quatre pages), dans mon bureau ou n’importe où, mais toujours en fumant la pipe et en écoutant (attentivement) de la musique.

Parlons de vous : quels sont les auteurs qui vous inspirent ? Depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venue l’envie d’écrire ?

L’enseignement reçu des « Bons pères » dans ma jeunesse m’a familiarisé avec la culture littéraire classique. Je ne crois pas avoir de modèles particuliers, mais la langue de Fénelon (Télémaque), de Voltaire ou de Diderot (Romans et contes) est un idéal qui impressionne. Balzac, Anatole France m’inspirent, avec les grands Russes (jusqu’à Boulgakov) et certains américains (de Steinbeck à Fitzgerald). Au XXe, encore, Colette, Marcel Aymé, Giono, Boris Vian et beaucoup d’auteurs étrangers de tous pays que je lis en traduction, évidemment.

Mon métier d’enseignant-chercheur universitaire m’a amené à publier d’innombrables articles, essais et quelques livres dans ma discipline, L’Histoire de l’art. J’ai également dirigé bon nombre d’ouvrages collectifs en la matière et créé deux collections. Mais j’ai toujours eu envie d’écrire de la fiction (depuis la classe de 6e), amorcé nombre de projets à l’adolescence, hésité entre l’écriture et le dessin et la peinture… pour enfin devenir romancier, il y a dix ans, à l’âge de la retraite.

Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ?

Parce que les contacts que j’avais dans le domaine de l’édition en Sciences humaines ne m’ont servi à rien. Ensuite, les premiers manuscrits (papier ou internet) envoyés à de grands éditeurs sont restés, soit sans suite, soit aimablement considérés comme « n’entrant pas dans leur orientation éditoriale ». Une connaissance de voisinage, auteur elle-même chez Iggybook, m’a fait part de sa satisfaction. Et voilà ! Je viens de recevoir les volumes papier de Drôles d’oiseaux à Rome et suis… drôlement content du résultat !

Quels sont vos prochains projets d’écriture ?

Malgré l’envie, j’ai peur d’écrire une pièce de théâtre. J’achève le manuscrit d’un 4e roman (Drôles d’oiseaux… étant le second ; prudemment j’ai attendu pour soumettre le premier qui est deux fois plus gros !) et dispose d’un recueil achevé de nouvelles et contes. Peu d’histoire de l’art désormais.


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