Jérôme Dumont: l'autoédition en série

Jérôme Dumont est l’auteur de la série Rossetti & MacLane, qui narre les aventures d’un avocat niçois et d’une dirigeante de start-up canadienne de jeux vidéo. Au fil des épisodes, il a réussi à fidéliser de nombreux lecteurs. Il partage son expérience d’auteur de série littéraire.

Bonjour Jérôme, comment avez-vous eu l’idée de démarrer une série littéraire ?

Quand j’ai écrit le premier, je n’avais pas vraiment l’idée d’en faire une série. Mais finalement j’ai eu envie de continuer à faire vivre mes personnages, de les placer dans des situations différentes, en explorant chaque fois un nouveau genre, un nouvel univers.

J’ai commencé tout naturellement par un thriller technologique, car j’avais travaillé dans les jeux vidéo et c’est un univers que je connaissais bien. Au fil des épisodes j’ai exploré le thème de la PMA (procréation médicalement assistée), l’univers du festival de Cannes, celui des mafieux du sud de la France, l’histoire d’un tueur en série au Canada…

Développer des personnages tout au long d’une série est intéressant car cela permet d’explorer leur personnalité et d’analyser leur comportement face à des situations très diverses. De même il est possible de créer une galerie de personnages secondaires et de leur donner de l’épaisseur au fur et à mesure des épisodes. J’adore les séries télé pour les mêmes raisons.

C’est ainsi que vous avez réussi à fidéliser de nombreux lecteurs.

C’est vrai, on peut dire qu’il y a eu une véritable fidélisation autour de la série des Rossetti & MacLane : les lecteurs s’attachent aux personnages, ils ont envie de les suivre, c’est ce qui ressort des commentaires des lecteurs et des blogueurs. Plus de la moitié des lecteurs qui ont lu un épisode en achètent un autre, et au total j’ai vendu plus de 10.000 exemplaires.

Aujourd’hui avoir un seul livre ne suffit pas à se lancer. Il est difficile de « faire un coup » avec un seul livre. Il faut en avoir plusieurs, avoir ce que les anglo-saxons appellent un « pipeline », c’est ce qui permet d’avoir une bien meilleure visibilité et au final de générer du revenu. C’est ce qu’explique très bien un guide que je conseille aux auteurs autoédités qui lisent l’anglais : Write, Publish, Repeat.

En fait il faut réfléchir comme un éditeur et pas seulement comme un auteur.

Aujourd’hui pourtant vous travaillez sur un roman qui n’est pas un Rossetti & MacLane.

Oui, je suis en train d’écrire un roman tout à fait différent, avec d’autres personnages, un style différent, puisque le livre est écrit à la première personne. Pour un auteur c’est un exercice intéressant et techniquement assez difficile, puisque le lecteur ne découvre que ce qui est vécu par le narrateur. J’adore Rossetti & MacLane, c’est un tandem qui fonctionne bien et je vais certainement poursuivre leurs aventures, mais j’avais envie de retrouver un peu plus de liberté par rapport aux personnages.

Avez-vous une politique de prix pour vos livres ?

Oui bien sûr, avoir un regard marketing est important pour bien vendre ses livres. Les Rossetti & MacLane sont des textes d’environ 50.000 mots. J’ai choisi de les vendre 2,99 euros. Certes, c’est un prix qui est loin de rémunérer la somme de travail que représente l’écriture du livre. Mais il faut plutôt réfléchir du point de vue du lecteur, du prix qu’il sera prêt à payer. Avoir un prix raisonnable est aussi la meilleure façon de lutter contre le piratage. De ce point de vue, je trouve que l’initiative d’Iggybook , de permettre aux lecteurs de payer plus que le prix de vente, est intéressante : cela permet de fixer un prix public faible, tout en permettant aux lecteurs qui le désirent de soutenir l’auteur, s’ils en ont envie.

Il est aussi très important d’avoir une offre cohérente : ma politique est de proposer le premier tome de la série à 0,99 euros, ce qui permet de très bien le vendre. Et à la fin je propose un extrait du deuxième épisode, avec bien sûr un lien pour faciliter l’acte d’achat.

Je pense que pour mon prochain livre, je vais aussi expérimenter les fonctionnalités de codes promotionnels que propose Iggybook. C’est certainement une bonne façon d’attirer de nouveaux lecteurs et de collecter leurs coordonnées pour les fidéliser.


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