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L'orthographe des expressions qui nous laissent perplexes

L'orthographe des expressions qui nous laissent perplexes

Lorsqu’on écrit on laisse parfois le flot d’idées nous déborder, on couche sur le papier les mots qui s’enchainent dans notre tête, on ne réfléchit pas forcément à la justesse de notre orthographe, de notre expression. Et en se relisant on se dit soit « Mais quelle belle écriture fluide » ou bien alors « Oh mon dieu, vite un dictionnaire ! ». Et puis parfois on reste perplexes, quelle est la bonne écriture de cette expression ?

Du coup nous avons décidé de vous donner un petit coup de pouce : voici quelques réponses à des questions très très complexes … ;)

Quelques fois ou quelquefois ?

Dur de trancher entre ces homonymes. Quand faut-il les employer? Peuvent-ils s'interchanger?

L'adverbe «quelquefois», écrit en un seul mot signifie «dans quelques occasions, parfois, de temps en temps». On l'emploiera par exemple dans les phrases: «Quelquefois, je regrette d'avoir choisi ce métier», «elle était quelquefois absente». On peut aussi l’employer dans le sens de «à un moment donné», «par hasard».

«Vous n'auriez pas vu, quelquefois, par hasard, mon perroquet?», Un Cœur simple, de Flaubert.

La locution «quelques fois», écrites en deux mots signifie quant à elle «plusieurs fois, à un petit nombre de reprises. On l'emploiera par exemple dans les phrases: «Elles sont venues ici quelques fois», «Les quelques fois où ils venaient, ils ne restaient pas longtemps».

Fatiguant ou fatigant ?

C’est épuisant d’avoir à se creuser la tête pour déterminer la bonne écriture de cette expression. Quand faut-il employer le «u» du radical verbal ou au contraire ne pas l'utiliser? Alors voilà la solution :

Si le mot désigne une action en train de se dérouler, il aura le rôle de participe présent. Il sera donc invariable et conservera le «u» du radical verbal. On écrira: «C'est en se fatiguant au travail qu'il a eu un accident.» Idem pour les verbes «naviguer», «intriguer», «provoquer» et «convaincre».

Si notre mot exprime «un état», «une propriété», il est un adjectif verbal. Il peut être variable et perd alors son «u». On écrira: «Tu es fatigant». De la même façon, on notera pour être correct: «Tu es convaincant (et non convainquant), extravagant (et non extravaguant).»

Eh bien ou et bien ?

Dans la Sixième édition du dictionnaire de l'Académie française publié en 1835, on notait ainsi: «Hé bien, sert à marquer l'exhortation ou l'interrogation. ‘Hé bien, continuez'» et plus loin: «eh bien, s'emploie dans les mêmes cas et dans plus autres cas qu'il serait difficile d'énoncer en détail et d'une manière bien exacte». Preuve que l'usage demeurera bien flottant jusqu'au XIXe siècle en France. Mais aujourd’hui des règles bien précises existent pour les différencier.

La formule correcte est «eh bien! tout va bien.» L'usage veut en effet que la locution soit toujours suivie d'un point d'exclamation sans que ce dernier oblige à mettre une majuscule après lui.

 «Eh bien!... Eh bien! Cela a mal tourné», Les Filles du feu de Nerval .

On peut l’utiliser pour «pour relier l'accomplissement ou l'expression langagière d'un acte à la situation qui rend possible ou qui motive cet acte». Elle peut également être utilisée pour «introduire une question», «une prise de résolution», «demander une information», «instaurer une situation de dialogue» ou «introduire un impératif».

« Et bien » dans ce contexte est donc une erreur !

Etc. ou Etc…

Et cetera (ou et cætera) signifiait, en latin médiéval, « et les autres choses ». Y avaient plus particulièrement recours notaires et hommes de loi, par nature voués à réciter d’interminables articles propres à décourager l’attention du vulgaire ! On allait – et on va encore – jusqu’à redoubler l’expression pour faire ressortir ce qu’une action a de répétitif, mais il ne saurait en être question à l’écrit…

Mais l'expression latine « Etc. », forme abrégée d’« et cetera », n’est jamais suivi de points de suspension bien qu'on veuille sous entendre beaucoup d'élément avec ce etc. Il faut l’écrire « etc. », avec un seul point.

N.B. Si « etc. » se trouve en fin de phrase, le point de « etc. » et le point final se confondent.

Selon que + indicatif ou selon que + subjonctif ?

La forme «selon que» peut signifier «comme, de la manière que»; «en fonction de, dans la mesure où» et «suivant que». Trois réalités différentes, mais toujours unies par une même construction. Et cette locution conjonctive ne peut en effet s'écrire qu'avec un indicatif. Ce bien que les usages aient aujourd'hui tendance à vouloir faire suivre la formule par un subjonctif.

Vicieux lorsqu’on sait que les formules «afin que», «bien que», «quoique», sont toujours suivies par un verbe conjugué au subjonctif. On écrira: «J'accepte ton travail, bien que le salaire que tu me proposes soit très bas.»

Ce n'est qu'une infime partie de toutes les subtilités dont regorge la langue française mais pas de panique, on vous donnera d'autres petites astuces comme celles-ci pour que vos mansucrits soient dignes de celui de Flaubert et Maupassant ;)


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