Margarita Perea-Zaldivar : "rendre sensible la réalité des banlieues mixtes"

Margarita Perea-Zaldivar : « J’aimerais contribuer à diffuser la parole de ceux que l’on n’entend pas et qui, pourtant, ont beaucoup à dire »

Dans Cité et pavillon, Margarita Perea-Zaldivar narre la dérive d’un ado accro aux jeux en ligne à travers le regard de deux femmes : sa mère et la femme de ménage de la famille. Le récit croise le regard de ces deux femmes qui vivent dans la même banlieue mixte où les habitants des HLM et ceux des pavillons demeurent dans les limites de leurs territoires, sans se côtoyer ni se connaître.

Bonjour Margarita, dans votre livre Cité et pavillon vous observez une banlieue mixte à travers le regard de deux femmes, d’horizons très différents. Pourquoi ce récit à deux voix ?

J’ai souhaité rendre sensible une réalité dont on parle assez peu : celle de ces banlieues mixtes, nombreuses autour des grandes villes, où des gens très différents se côtoient sans vraiment se connaître, sans dialoguer. Il m’a paru intéressant d’éclairer une même situation par deux visions : celle de Florence, enseignante habitant en pavillon, et celle de Fatima, sa femme de ménage, venant de la cité toute proche, qui vit intensément elle aussi la dérive du fils de Florence, prisonnier des jeux en réseau. J’ai voulu travailler ainsi sur les points de vue et montrer qu’ils sont façonnés par notre histoire, notre appartenance sociale, nos convictions.

La trame de votre livre est la dérive d’un adolescent victime de son addiction aux jeux en ligne. C’est un sujet qui préoccupe beaucoup de parents. Votre livre peut-il les aider à comprendre leur enfant et à l’aider ?

C’est toujours un problème très délicat pour les familles qui le rencontrent, surtout quand, comme pour Arthur, le personnage de mon roman, cette addiction entraîne la déscolarisation. J’ai voulu faire sentir le désarroi des deux parents, chacun avec son registre propre. J’espère aussi permettre aux familles de mieux comprendre ce que les jeunes recherchent dans ces activités, afin qu’ils aient envie d’établir un dialogue. Il n’y a pas de recette miracle mais ces adolescents peuvent parfois s’en sortir en trouvant une image de référence chez un adulte hors d’un contexte familial devenu fortement anxiogène.

Comment vous êtes-vous documentée pour écrire Cité et pavillon?

J’ai beaucoup écouté ce qui se disait autour de moi, j’ai été en contact avec un grand nombre de ceux qui inspirent mes personnages, y compris des parents en détresse. Je me suis documentée sur l’addiction à ces jeux en réseau. Par ailleurs, des proches, acteurs de terrain dans une association d’éducation populaire qui intervient dans les cités, ont été une source précieuse d’anecdotes, de paroles, d’informations sur les mentalités.

Vous avez écrit plusieurs ouvrages scolaires en tant qu’enseignante, désormais vous écrirez des fictions. Est-ce pour vous une façon de faire passer un message, au travers d’une histoire ?

Ces dernières années, j’ai mené en parallèle la publication d’ouvrages scolaires et l’écriture de fiction. Celle-ci a toujours été une source de plaisir, de liberté, de créativité. Je ne cherche pas à passer un message : je crois qu’il s’impose de lui-même, au travers des histoires de vies. Le roman rend plus palpable qu’un reportage ce qui se passe dans une cité par exemple, en faisant sentir les émotions, les pensées, les modes de fonctionnement, les interactions entre les gens. J’aimerais contribuer à diffuser la parole de ceux que l’on n’entend généralement pas et qui, pourtant, ont beaucoup à dire.

Comment êtes-vous venue à l’écriture ? Quelle importance a-t-elle pris dans votre vie ?

J’ai toujours aimé écrire, depuis l’enfance. C’est un bonheur intense, celui du travail sur les mots et sur les situations, sur les images que l’on façonne avec eux. La rédaction de mon premier roman, Le chemin du Perthus, paru aux Éditions l’Harmattan en 2011, m’a fourni l’expérience du récit long. Après publication, j’ai été surprise par le plaisir que représente la rencontre avec les réactions de lecteurs (et même des journalistes car j’ai bénéficié de quelques articles de presse positifs).

Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?

Oui, j’achève en ce moment un troisième roman sur le thème de l’enfance et de ses peurs.

Retrouvez Cité et pavillon sur la page Iggybook de Margarita


Partager