La sélection pour le Renaudot d’un livre autopublié chez Amazon a déclenché la fureur des libraires, privés du livre. Et pourtant, grâce à Iggybook, le livre pourrait être distribué en librairie par Hachette Livre.
L’objet du débat : le dernier livre de Marco Koskas, qui a déjà publié une quinzaine d’ouvrages chez des éditeurs de renom, et dont le manuscrit a été refusé. Parce qu’il voulait que son livre soit lu, Marco Koskas a décidé de le publier lui-même sur Amazon. Ce qui n’a pas empêché le jury du Renaudot de l’intégrer à sa sélection. Or aujourd’hui, le livre n’est disponible que sur Amazon, et aucun libraire ne peut se le procurer. Ou alors il faudrait qu’il l’achète lui-même sur Amazon, pour le revendre sans marge à son client ! Nombre de libraires se sont insurgés, criant à la provocation. Leur syndicat a aussitôt réagi, affirmant que le jury « donne un signal inquiétant pour l’avenir de la création et de la diffusion du livre », leur demandant de « défendre le livre et non ceux qui le menacent ».
Avec Iggybook, le livre serait aussi chez les libraires
Et pourtant, une solution simple existe : il suffirait que Marco Koskas confie son livre à Iggybook, et il serait distribué par Hachette Livre, auprès de qui tous les libraires pourraient sans difficulté se le procurer, comme ils le font chaque jour pour les ouvrages classiquement édités. Tout en restant chez Amazon, bien sûr. Car Iggybook, grâce à son partenariat avec Hachette Livre, est capable de donner à chaque auteur un accès simple à cette formidable machine de distribution, qui envoie chaque jour plus de 15.000 colis aux libraires, pour leur fournir les livres publiés par une centaine d’éditeurs… mais aussi ceux qui sont autopubliés par Iggybook.
Le livre pourrait ainsi rester sur Amazon, acteur incontournable de l’autoédition, tout en étant accessible à tous les lecteurs qui préfèrent aller l'acheter chez leur libraire. Dès lors sa présence dans la sélection du Renaudot ne serait plus discutable.
Autoédition : le regard du monde de la littérature évolue
Certes c’est un roman autoédité. Mais si l’on en juge par la critique qu’en a fait Patrick Besson dans Le Point, le texte mérite sa sélection : le juré du Renaudot y loue « un récit alerte, violent, désordonné, où on entend cette musique de plus en plus rare dans la littérature française : la respiration de l’auteur », allant même jusqu’à dire dans une interview à Marianne que grâce à ce texte, qui narre la vie de Français partis vivre en Israël, «il y aura désormais le Tel Aviv de Koskas », comme il y a dans la littérature « le Berlin d’Isherwood, la Céphalonie de Cohen, l’Alexandrie de Durrell, le Tanger de Bowles, etc ».
Quant aux lecteurs qui ont acheté le livre sur Amazon, ils le plébiscitent et multiplient les commentaires favorables sur la plateforme.
Et le regard sur l'autoédition évolue : même les figures les plus emblématiques de la scène littéraire françaises avouent leur curiosité, comme en témoigne un récent article publié par le magazine spécialisé ActuaLitté. Interrogé pour savoir s'il serait prêt à lire un ouvrage autopublié pour, éventuellement, le sélectionner, Bernard Pivot se dit curieux : « Ça dépend du livre, mais il ne faut pas avoir d'œillères. » Pour son confrère Pierre Assouline, « ce qui compte, c'est le texte. Évidemment, c'est un phénomène nouveau, mais pourquoi pas ? ». De son coté Antoine Gallimard ajoute : « Je pense que c'est très bien, il n'y a pas de zone réservée. Dans l'autoédition, il y a des livres intéressants : la preuve, c'est que les auteurs cherchent ensuite un éditeur traditionnel ».