Racontez-nous en quelques lignes l’intrigue de votre livre, pour que les lecteurs comprennent bien de quoi nous allons parler !
Antony Rivoire, auteur en quête de reconnaissance, vient de recevoir le mail de sa vie : un concours littéraire d’un nouveau genre est lancé par un géant du web, la finale surmédiatisée aura lieu lors du prochain Salon International du Livre. « Le principe est on ne peut plus simple : douze auteurs contraints dans l'espace ont quatre-vingt-seize heures pour écrire le prochain best-seller. Qui sera le vainqueur ? »
Les présélections font rage, des milliers de candidats venant d’horizons différents postulent pour être élu par le jury de Christophe Nigel, le représentant français de la plateforme.
« Ces douze auteurs vont vivre une expérience unique, ils vont devenir créateurs d’une histoire, mais cette histoire, vous pourrez y participer, car c’est vous lecteurs qui, à tous moments, pourrez la promouvoir. Comment ? Nous y reviendrons plus longuement dans la soirée, mais sachez d’ores et déjà que la technologie d’Antiope n’a pas fini de vous surprendre. »
Vous parlez d’une écriture à quatre mains, que cela veut dire précisément ? Comment s’est déroulée cette phase d’écriture ?
AA-CL : En amont de l’écriture, nous avons collecté de l’information (articles, livres, séries) sur l’intelligence artificielle que nous avons échangée via Dropbox.
Nous avons ensuite bâti une trame très précise et chapitrée de l’histoire qui se concrétise par un synopsis. En ce qui me concerne, il s’agit de la phase la plus délicate, tous les éléments devant s’imbriquer précisément les uns dans les autres.
Ensuite a débuté la phase d’écriture à proprement parler selon la règle suivante : le plus inspiré des deux par un chapitre l’entame puis donne la main à l’autre. Après plusieurs aller-retour et une validation conjointe d’un chapitre, nous avons procédé de même pour les autres.
Quelle a été votre source d’inspiration, l’événement qui vous a poussé à écrire ce livre ?
AA : L’idée nous est venue au cours d’un diner. La conversation a porté sur un journaliste présentant son 20 heures sur internet à la manière d’un journal télévisé. Un article mentionnait qu’il avait été lui-même chercher ses sujets sur la toile pour en faire une compilation avant de le présenter. Tout cela paraissait normal, si ce n’est que ce journaliste n’existait pas ! C’était un algorithme matérialisé par un personnage de jeu vidéo. L’autre genèse, en ce qui me concerne, est la toute première émission de téléréalité « Loft Story », il y a 17 ans déjà. J’ai tout regardé à l’époque, j’avoue ! Je me souviens parfaitement m’être dit que nous étions en train de changer d’époque, à la télévision tout du moins. Ces choses là prennent du temps…
Au final, ce qui nous amusait était de faire un clin d’oeil à la réalité. C’était assez cocasse de présenter notre roman au speed-dating d’Amazon au dernier salon du livre. Sur le principe de l’histoire dans l’histoire, nous avons commencé notre entretien en évoquant le parcours de deux auteurs se présentant sur le stand d’une grande plateforme commerciale à un speed-writing de l’écriture. Ce concours d’un nouveau genre se tenait, à un salon du livre, Porte de Versailles… La suite est dans le dernier roman !
CL : Je suis toujours partante pour les expériences d'écriture collective. De plus, je dois avouer que l'émergence des IA dans tous les domaines me fascine.
Votre livre est en quelque sorte un roman d’anticipation, pensez-vous que l’avenir puisse vraiment ressembler à cela un jour ?
AA : Il y a depuis plusieurs années une tendance à l’hyper-catégorisation. Ainsi dans le domaine de l’écriture, de nouveaux genres apparaissent, ce qui est assez intéressant en soi. Revers de la médaille : à force d’anticiper les désirs des lecteurs grâce à l’intelligence artificielle, nous risquons de produire une littérature ultra standardisée et nous priver ainsi de tout un pan de la création. Sans parler des robots écrivains qui pour l’instant sont encore dans le domaine du fantasme !
L’heure du dernier roman n’a heureusement pas encore sonné mais une chose est sûre : nous faisons nos premiers pas dans le domaine hybride (collaboration homme-machine). Pour l’instant, cela prête plutôt à sourire, mais le premier roman intégralement écrit par une IA est prévu pour 2048…
CL : C'est une anticipation « très proche », d'ailleurs des exemples réels d'utilisation des IA dans la « littérature » sont évoqués dans le livre. Mais je ne suis pas inquiète, je pense que ce modèle du livre « formaté » porte en lui-même sa propre destruction.
Quel rapport entretenez-vous avec toutes ces nouvelles technologies dont nous disposons aujourd’hui ? Vous aident-elles dans votre travail d’auteur ?
AA : Personnellement, j’ai l’impression de les utiliser à bon escient. Sans ces nouveaux outils de collecte et d’échange, mon travail aurait été beaucoup plus long et beaucoup plus fastidieux. Sans parler du fait que ces technologies ont aboli la distance géographique entre Catherine et moi. Mais quoi qu’il en soit, rien ne vaut un bon repas avec un verre de vin pour échanger !
CL : Elles sont une aide dans la publication et la diffusion des livres, mais pour l'écriture proprement dite, c'est un processus personnel qui, pour moi, n'a pas besoin de machine. Par contre, elles permettent des rencontres et des convergences, virtuelles et/ou réelles.
Quel message avez-vous envie de faire passer à travers votre livre ?
AA : Sans porter de jugement, il s’agit simplement de poser la question de l’évolution de la littérature face au développement du numérique et à l'émergence de l'Intelligence Artificielle dans le processus d'écriture. En extrapolant, c’est une déferlante dans tous les domaines qui s’abat sur nous, il y a des aides pour tout. Bientôt nous ne pourrons plus, même si nous le désirons, être autonomes. Il faut en prendre conscience.
CL : En prendre conscience et prendre du recul, ne pas être dupes. Nous ne sommes déjà plus si autonomes, parce que, dans tous les actes de notre vie, nos comportements sont déjà influencés par des algorithmes...
Une bonne raison de lire votre livre ?
AA : C’est un roman documenté, facile d’accès, écrit par deux personnes ayant des avis opposés qui fait réfléchir. J’espère qu’il est intelligent !
CL : Notre roman est quelque peu satirique et ne manque pas d'humour, d'autodérision aussi, et pas que...